Reims, 22 avril 2020
Gelées printanières, coup de froid sévère dans les vignes champenoises
Avec des nuits glaciales dûes à des courants d’air froid venant de Scandinavie, la Champagne a connu quasiment une semaine de gelée début avril. Avec un épisode très marqué les 5 et 6 avril : des températures de - 9°C ont été enregistrées dans la Côte des Bar et de -5°C dans la Marne.
Parmi les cépages, c’est le Chardonnay qui est le plus touché, ce qui n'est pas étonnant puisque c’est le cépage le plus hâtif en Champagne. Les secteurs les plus touchés se situent dans l’Aube, le Sézannais, la Côte des Blancs, et le Vitryat.
Pour parer à ces températures glaciales, certains vignerons en Champagne ont pu avoir recours à des chaufferettes installées dans les vignes ; d’autres vignerons ont pu procéder à de l’aspersion d’eau, le glaçon se formant autour du bourgeon le protège paradoxalement. Avec, dans les deux cas, des résultats possibles mais pas toujours garantis.
Le bilan des gelées en Champagne reste en suspens
Selon Isabelle Tellier, Chef de cave de la maison Chanoine Frères : “Si il est clair que la Champagne a dans l’ensemble moins souffert de ce début d’avril glacé que la Bourgogne voisine, les gelées ont eu lieu au mauvais moment dans le terroir champenois. Du fait de la hausse des températures en mars, le cycle végétatif annuel de la vigne avait bien repris. Après les pleurs, le débourrement avait commencé avec le début du développement du bourgeon, notamment sur les parcelles de Chardonnay, le plus précoce des cépages.
Ces températures négatives ont fait des dégâts en abimant les jeunes bourgeons. Certains bourgeons sont devenus complètement marron, ils ont été brûlés par le froid ; d’autres n’ont que les pointes atteintes, dans ce cas de figure, cela peut encore évoluer favorablement.
Pour l’instant, j’estime qu’il est encore trop tôt pour pouvoir évaluer quantitativement les pertes. Il faudra attendre l’éclosion des fleurs de vigne qui devrait avoir lieu à la fin du mois de mai.”
Gelées de printemps en Champagne, des précédents historiques
Les gelées printanières 2021 ne sont pas un phénomène exceptionnel en Champagne, Isabelle Tellier se souvient de gelées printanières en 2016 et, surtout, de celles de l’année 2003 :
“Début avril, pendant plusieurs jours, les gelées avaient été très fortes avec des températures allant jusqu’à -11°C. Cette année-là, le Chardonnay avait été très impacté avec des pertes de rendement atteignant 80% sur certains secteurs. Les dégâts avaient été tels qu’on avait grapillé fin septembre, en refaisant une vendange 3 semaines plus tard sur les petites grappes. En 2021, on ne pourra pas grappiller ; cette pratique n'est plus autorisée.”
Isabelle Tellier relativise toutefois l’impact final de ces gelées printanières sur la capacité de production de champagne de la Maison :
“En Champagne, nous avons la chance depuis longtemps de disposer de réserves qualitatives de vins. Les maisons de champagne comme Chanoine Frères mettent de côté des vins des bonnes années pour compenser les déficits des années plus difficiles. Si besoin est, nous pourrons donc débloquer ces vins de réserve stockés dans nos cuveries pour élaborer nos champagnes.”
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